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14/09/2023
Un projet un peu fou !
Pour toute matière, j’avais :
– son livret militaire de marin
– les cartes postales qu’il envoyait à sa famille et celles qu’il recevait
– la reconstitution de son périple autour du monde, réalisée par mon père.
Et quelques données que j’avais reconstituées :
– il avait mis les pieds dans une vingtaine de pays, été absent pendant deux mille cent quarante-cinq jours et parcouru près de cent vingt mille kilomètres sur les mers.
Je suis d’abord partie avec l’idée de romancer la quasi-totalité de l’ouvrage. En effet, mon grand-père était bien peu loquace dans sa correspondance. Bien qu’il ait posé le pied sur les cinq continents, séjourné dans des endroits enchanteurs (Tahiti, les Marquises…), visité des métropoles (Singapour, New York…), rien ne semblait l’étonner. Quelles étaient ses occupations, quel était son rôle sur les navires, quel était son état d’esprit ? Rien ou presque de tout cela ne transpirait dans ses écrits. Il se bornait à parler de sa santé, et, après quelques années loin de chez lui, à dire qu’il était las de la guerre.
Je souhaitais cependant ancrer mon récit dans la réalité d’une époque, m’assurer de sa véracité historique. Je me suis donc lancée dans des recherches sur internet.
À partir de ce moment-là, mon projet a pris un tout autre tour : j’ai identifié un nombre important de sources, que j’ai pu recouper entre elles. Elles ont non seulement enrichi mon histoire, mais l’ont éclairée sous un angle parfois inattendu. Il se trouve que mon grand-père a participé de près ou de loin à quelques événements que l’on peut qualifier d’historiques. Je citerais à titre d’exemple : le bombardement de Tahiti ou encore la révolte des Cipayes à Singapour. Grâce aux journaux de bord de la Marine française, dont certains sont intégralement numérisés et disponibles en ligne, je peux affirmer avec certitude qu’il a vécu tous ces événements.
La biographie romancée que j’avais l’intention d’écrire est donc devenue petit à petit un ouvrage s’appuyant sur des faits historiques avérés. Au fil de l’avancement de mon récit, j’ai aussi fait des découvertes. Je m’étais toujours demandé pourquoi mon grand-père avait été envoyé aux États-Unis, à New York à l’automne 1917. Je vous laisse imaginer l’émotion qui s’est emparée de moi lorsque j’ai fini par le découvrir…
Bien sûr, mon récit laisse aussi place à l’imagination, je n’ai pas pu combler tous les vides.
Il reste que mon parti pris, tout au long de la rédaction de cet ouvrage, a été de ne pas trahir mon aïeul, un homme simple, maçon et paludier, qui n’avait qu’une hâte : que la guerre se termine et qu’il puisse rentrer chez lui, auprès des siens, après six ans d’absence.
Vous souhaitez découvrir cet ouvrage ? Il est disponible en format livre de poche (avec un cahier d'illustrations reprenant quelques-unes des cartes postales de mon grand-père) et en pdf en cliquant ici : https://www.thebookedition.com/fr/le-tour-du-monde-malgre-lui-p-399766.html?referer=https://www.linkedin.com/&token=%c650323ea17547
22/06/2023
Qui sont les clients du biographe ?
Lorsque j’ai démarré mon activité de biographe, je me suis pliée à l’exercice que doit réaliser tout entrepreneur qui se respecte : définir son client cible. En marketing, cela s’appelle le persona. L’exercice est poussé : le persona doit ressembler en tout point à une vraie personne. Aussi faut-il lui donner un prénom, imaginer son histoire, ses goûts, ses activités, ses freins, ses préférences lorsqu’il se renseigne ou cherche à acquérir un bien ou un service… Il me fallait tout connaître de lui.
Premier Persona
Il y a dix-huit mois, j’avais imaginé une dame âgée d’environ quatre-vingts-ans, qui avait été active toute sa vie, aimant lire, raconter son histoire, voyager, rencontrer des amis… Mon persona s’appelait Louise.
Second Persona
Un an et demi plus tard, boum patatras, je déclare que je m’étais complètement fourvoyée. À vrai dire, cela fait déjà quelque temps que je l’ai compris. C’est pourquoi j’ai créé un second persona, Nathalie. Le constat est le suivant : celui qui va trouver un biographe est, dans la majorité des cas, un enfant souhaitant que l’un de ses parents raconte son histoire. Pour être même plus précis, c’est le plus souvent la fille du narrateur qui entreprend cette démarche. Mon persona, s’il est bien de sexe féminin, a donc rajeuni de vingt à trente ans.
Je m’interroge alors : pourquoi les femmes seraient-elles plus demandeuses que les hommes de connaître l’histoire de leurs parents ? Sans doute est-ce simplement parce que dans les faits, les filles sont plus nombreuses que les fils à s’occuper d’un père ou d’une mère âgée. Pour autant, les motivations des unes et des autres me paraissent semblables. Je vais tenter ici de les exposer, grâce à l’expérience acquise dans ma pratique de biographe. Bien sûr, chaque cas est unique, mais des points de convergence existent.
Quelles sont les motivations pour proposer à son parent d'écrire son récit de vie ?
Lorsqu’un parent prend de l’âge, les enfants — souvent ceux qui sont les plus proches géographiquement — sont en règle générale en première ligne pour l’aider dans son quotidien, ses démarches, sa santé, son maintien à domicile. Ils s’inscrivent ainsi dans une sorte de jeu de miroir : « Maman/Papa, tu t’es occupé(e) de moi lorsque j’étais enfant, maintenant, c’est à mon tour de prendre soin de toi. » Le point de bascule est souvent la perte du conjoint, qui vient renforcer l’isolement du parent survivant — les enfants assurent alors une présence plus régulière. Ils sont à l’écoute et de fait, deviennent les réceptacles de souvenirs maintes et maintes fois répétés. De là à souhaiter que ceux-ci ne se perdent pas, il n’y a qu’un pas !
L’idée de conserver ce patrimoine familial afin de le transmettre commence alors à germer, afin de ne pas être le seul dépositaire et gardien de ces trésors. De surcroît, voir vieillir son ascendant s’accompagne également de la crainte de perdre, en même temps que lui, une partie de son histoire. Or, il n’est pas rare que les souvenirs racontés s’inscrivent dans la grande Histoire : la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie, les évolutions de la société à la suite de mai 68… Le XXe siècle est émaillé de périodes charnières qu’il est important de raconter aux générations à venir.
Autre objectif poursuivi en s’engageant dans un projet de récit de vie : faire plaisir à son parent, le distraire et lui permettre d’occuper une partie de son temps libre — souvent important dans un agenda moins rempli en sorties et activités diverses. Je constate toujours que c’est avec un immense plaisir que les seniors se replongent dans leurs souvenirs : ils me l’affirment à chaque fois. Ces voyages vers le passé les transportent dans leur jeunesse, parfois avec nostalgie, toujours avec émotion. Bref, le travail qui se fait autour de la biographie leur fait du bien !
Les vertus de la biogrpahie
Proposer ce projet de biographie à son parent âgé a plusieurs vertus. Cela permet de faire le lien entre les générations : dans son récit de vie, le narrateur s’adresse souvent à ses petits-enfants voire à ses arrière-petits-enfants. C’est également l’occasion rêvée pour lui de parler de ses racines et d’inscrire son histoire dans une lignée. Enfin cela lui permet de passer le témoin à sa descendance, pour raconter la suite.
C’est là que le métier de biographe trouve tout son sens : être un « passeur d’histoires ».
15/05/2023
À quand remonte cette passion ? Elle a commencé par la lecture. J’avais huit ans lorsque j’ai reçu en cadeau un livre : Où est-ce ? Un voyage autour du monde. Ce livre est toujours dans ma bibliothèque, il porte les stigmates du nombre de fois où il a été consulté : la tranche est partie en lambeaux. Mais la couverture est presque intacte, avec son fond orange, typique des années 70. Cent quatre-vingts pages illustrées de dessins de lieux, trois sites remarquables par page. Grâce à ce livre, j’ai voyagé sur tous les continents des pyramides de Gizeh à la grande muraille de Chine.
Plus tard, le rêve a pris forme, engloutissant au passage mes quelques économies d’étudiante, puis une partie conséquente de mon budget de jeune femme active. Je ne partais jamais sans un petit carnet qui me permettait de noter toutes les péripéties du voyage, les rencontres, les émerveillements, les couleurs, les bruits et les odeurs, les drôles de bestioles (parfois côtoyées contre mon gré)… Pendant le voyage, je partageais ces émotions en adressant des cartes postales à mes proches… Au retour, le voyage m’habitait encore lorsque je confectionnais mes albums photos.
J’y vois désormais un signe avant-coureur de ce qui est devenu mon métier : biographe. En effet, retracer dans un livre un récit de voyage prend tout son sens dans mon activité de passeur de mémoire. L’idée naît d’abord d’une envie de fixer des images et des souvenirs, pour la postérité. Ensuite s’ajoute le besoin de raconter des situations vécues — parfois cocasses — et de revivre des moments d’exception. Puis vient le temps de relater les moments de partage et les échanges, rendus possibles par les rencontres faites sur les chemins du monde.
Le voyage, même s’il n’est pas lointain, est toujours une découverte. C’est se confronter à un environnement différent, à une culture et un patrimoine qui nous sont étrangers, à une gastronomie dont parfois, les épices et les saveurs nous intriguent ; c’est aller à la rencontre des traditions populaires perpétuées depuis des générations. Le voyage fait appel à tous nos sens et, par-dessus tout, il vient assouvir notre curiosité.
Comment ne pas être émus par le spectacle des crémations à Bénarès, éblouis par un coucher de soleil sur le rocher d’Uluru, sidérés en accédant au site du Machu Picchu ? S’avancer vers le Grand Canyon et le découvrir soudain à nos pieds, immense, profond et majestueux ; ou encore, se perdre dans la mégalopole tokyoïte et découvrir au détour d’une rue, un parc aux sentiers moussus ou un temple couvert d’or. Autant d’émotions vécues que le récit de voyage permet de partager.
Lorsque j’accompagne des narrateurs voyageurs dans leur récit, je m’envole avec eux, je vis leur voyage, je suis curieuse de leurs rencontres, de leurs ressentis, des personnages qu’ils ont croisés, bref, des anecdotes qu’ils me confient. Ils ont souvent les yeux qui brillent à l’évocation de leurs souvenirs, signe qu’il s’agit là de moments qui les ont marqués. Souvent des photos accompagnent ces souvenirs et c’est encore mieux : elles ravivent la mémoire et font remonter à la surface, des anecdotes qui régaleront le lecteur.
Oui, le récit de voyage est un formidable récit de vie, de ceux que l’on n’oublie jamais, de ceux qui font rêver, et donnent envie de repartir !
17/04/2023
28/02/2023
Dis maman, comment c’était quand j’étais dans ton ventre ? Et quand j’étais un bébé ? À quel âge j’ai fait mes premiers pas ? Tu te souviens de cette photo où l’on est tous les deux, c’était où ?
Qui a la chance d’être maman (oui, je suis de celles qui considèrent cela comme un bonheur) a forcément entendu l’une ou l’autre de ces questions, posée des années après par un chérubin qui pèse désormais quatre-vingts kilos. Si certains souvenirs sont gravés dans notre mémoire, d’autres, plus nombreux, ont fini par s’effacer… parce que les années sont passées par là.
Pourquoi ne pas prendre le temps de se poser une ou deux heures pour lui raconter notre grossesse et les premières années de sa vie ? Parce que c’est un moment exceptionnel dans une vie… même s’il ne nous a pas toujours laissé que de bons souvenirs ! Et quand bien même il y aurait des souvenirs difficiles, voire douloureux, n’est-ce pas l’occasion de déposer sur le papier ce fardeau ?
Alors, on y va, on prend une grande bouffée d’émotion ?
Concevoir la vie n’est pas chose facile, il y a des embûches, des grossesses qui tardent à venir, d’autres qui se passent mal. Certaines sont amputées de quelques semaines et le bébé arrive sans crier gare. D’autres encore débouchent sur le deuil d’une vie qui ne faisait que commencer. Et puis, il y a celles où tout se passe à merveille… oui, oui, il y en a !
C’est beau de raconter l’attente, à commencer par la première d’entre elles : fille ou garçon ? On veut savoir ou en s’en fout. Puis les premiers mouvements : « Viens vite, il a bougé, mets ta main sur mon ventre. Là, oui, là ! » quelle joie de pouvoir enfin partager ces moments uniques avec l’autre parent. Les interactions se font ensuite plus nombreuses, on suit un petit pied qui se déplace dans un ventre désormais bien rebondi, un autre appuie là où ça fait mal. « Mais qu’est-ce qui se passe : oh ! il a le hoquet ! » Arrivent les questions : « Est-ce que mon bébé reconnaît ma voix ? Je vais lui faire écouter mon chanteur préféré, à moins qu’un air d’opéra… Comme ça, il sera mélomane plus tard, c’est sûr. » « Qu’est-ce qu’il ou elle préfère : les lasagnes ou les crêpes ? »
S’en suit la prise de tête : le choix du prénom ! Si c’est une fille, ce sera Eglantine et si c’est un garçon Hector. On est d’accord, tant mieux ! Mais ça, c’est rare … « Ah non, tu ne vas pas l’appeler comme ton grand-père Alphonse ! » « Non, pas Prudence, cela va la freiner dans tout ce qu’elle entreprendra. » Alors, on fait des compromis, en espérant ne pas les regretter un jour. Ou on attend le dernier jour… et on demande à la sage-femme : « Et vous, vous appelez comment ? »
Petit à petit, approche l’heure de la naissance. On va souffrir, c’est sûr, mais ça en vaut la peine. « Ça risque d’être long, c’est le premier ! » « Une césarienne, ah non pas question ! Mais si madame ! » A-t-on quelqu’un pour nous tenir la main ? Pour la serrer quand arrive le moment crucial ? Et là, on guette le premier cri, petit couinement de mécontentement : « Qui ose me déranger dans mon nid douillet ? », première confrontation avec la vie. Et on se découvre l’un et l’autre, ébahis. « Je t’ai imaginé pendant neuf mois… et te voilà, waouh ! » « Moi, j’ai été capable de créer ce petit être que je serre contre moi. C’est magnifique ! » Ou encore, la déception, qui ne dure jamais très longtemps : « Qu’est-ce que c’est que ce petit machin tout rouge et tout fripé ? »
Après le tsunami d’émotions arrive le tsunami tout court : on rentre à la maison, on grappille des demi-heures de sommeil, on change une couche, dix couches, cent couches. On donne des bains, on joue avec l’eau, on fait pouët-pouët avec le canard. On se couche en se disant que cette fois, c’est bon, le bébé va dormir six heures d’affilée et il se réveille au bout de deux. On donne la tétée, le bib, la totote, un quignon de pain. Il fait ses dents, elle est malade, il pleure, elle hurle, il sourit, elle rit aux éclats, il dit son premier mot (maman forcément !), elle marche à quatre pattes, il se met debout, elle tombe, il se relève, elle a fait son premier pas !!!!
Oui, c’est ce tourbillon d’émotions que l’on raconte dans un récit de naissance : les joies, les peines, les fous rires, les moments de tendresse, les petites bêtises, les premiers mots… Qu’il soit écrit en solo ou conçu à deux, c’est un vrai cadeau pour l’enfant qui le reçoit, le plus beau des témoignages d’amour tout simplement.