Le blog dédié À LA BIOGRAPHIE

Françoise LunardiEcrivain public - biographie - contenus rédactionnelsMembre agréé de l'Académie des écrivains publics de France

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Le récit choral pour écrire la biographie d'une personne disparue

28/03/2024

Le récit choral pour écrire la biographie d'une personne disparue

Genèse du projet de biographie chorale

 

En septembre 2023, je suis contactée par Marie, la fille de monsieur N. Elle souhaite offrir à son père la possibilité de se raconter dans une biographie. Nous convenons d’un rendez-vous. Une semaine avant celui-ci, monsieur N. décède subitement, dans son sommeil. Le projet de Marie s’éteint avec lui.

Pourtant, elle me rappelle quelques semaines plus tard. « J’aimerais reprendre le projet de récit de vie de papa et le faire à titre posthume », me dit-elle. Nous nous rencontrons pour en discuter. Je comprends rapidement que cette démarche s’inscrit dans le processus de deuil de Marie. Ensemble, nous convenons d’inviter plusieurs membres de la famille proche de monsieur N. à participer à ce récit.

Me voici embarquée dans une biographie « chorale ». Nous connaissons le roman et le film choral, dans lesquels plusieurs narrateurs nous font vivre une histoire commune ou encore une intrigue qui les lie sans qu’ils le sachent. Mais qu’est-ce qu’une biographie chorale ?

 

Écrire un récit de vie à plusieurs voix

 

La biographie chorale est un récit rédigé à plusieurs mains, ou plutôt dans mon cas, à deux mains — celles de la biographe — et plusieurs voix — celles des narrateurs. Pour cet article de blog, j’ai choisi de traiter la biographie d’une personne disparue, racontée par ses proches. J’aurais également pu mettre en avant le récit familial (un souvenir, une période, racontés par plusieurs membres d’une même famille) ou dynastique (l’histoire d’une famille et de ses membres les plus éminents).

 

Qu’attendent les commanditaires de la biographie ?

 

Avant de nous attacher à creuser les bienfaits et les risques de la biographie chorale, intéressons-nous aux objectifs de ceux qui sont à l’initiative du projet. Qu’en attendent-ils ? Quel est le sens de leur démarche ?

Bien souvent, surtout quand le décès est brutal, il s’agit d’un premier pas dans les étapes du deuil de la personne aimée, qui conduit vers l’acceptation. Convoquer ses souvenirs, évoquer cet être cher, c’est le retenir encore un peu avant de s’autoriser à le laisser partir définitivement. En le racontant, la biographie va lui rendre hommage, le remercier parfois et surtout lui dire ce que l’on n’a pas eu le temps de dire de son vivant.

C’est un récit chargé d’émotion (qu’il faut savoir doser), qui laisse une trace, qui apaise et qui fait du bien.

 

Les bienfaits de la biographie chorale

 

Habituellement, la biographie ou l’autobiographie ne donne qu’une seule vision de la personne racontée, celle de l’auteur. Dans une biographie chorale, chacun des narrateurs apporte sa vision du personnage principal avec ses propres émotions et ressentis. Tous évoquent la personne disparue selon leurs propres perceptions et les souvenirs qu’ils en ont. Vous l’aurez compris, si l’autobiographie est écrite au « Je », la biographie chorale d’un proche disparu est écrite au « Il » ou au « Elle ».

Le portrait du disparu peut alors être comparé à une vision panoramique, une photographie à trois cent soixante degrés, qui s’enrichit de différentes nuances, de la finesse de la description, de la richesse des sentiments. Chacun a eu une relation particulière avec le défunt, peut-être à différentes époques de sa vie, ce qui fait renaître sur le papier un personnage composite.

De la même manière, les souvenirs évoqués se complètent de points de vue différents. Certains étaient au cœur de l’action, d’autres simples spectateurs. Ils ne raconteront pas exactement la même histoire. Les talents d’observateur de l’un vont relever le décor, les couleurs, les vêtements portés… L’auditif se souviendra des sons, d’un morceau de musique, du fond sonore, il saura restituer les dialogues. Les kinesthésiques apporteront des précisions sur une senteur, une sensation au toucher, la chaleur ou le froid… Autant d’éléments complémentaires qui rendront les souvenirs encore plus vivants.

Plusieurs générations vont raconter, parlant de différentes époques et contextes, brossant un portrait, qui sera tout sauf lisse, d’une personne à différents stades de sa vie. Chacun viendra avec sa vérité et nul ne pourra la contester.

 

Les risques pour le biographe 

 

Pour autant, le biographe devra veiller à ce que les contradictions entre les différentes versions d’un même souvenir ne soient pas inexpliquées, au risque, de jeter le doute sur la véracité du récit.

Une attention particulière devra être apportée à certains souvenirs que j’appelle « des anecdotes galvaudées » : toute la famille les connaît, elles sont racontées à chaque réunion de famille. Ces « légendes familiales » sont tellement célèbres que tout le monde à l’impression d’en avoir été le témoin. À de rares exceptions près, ce type de souvenir n’aura pas la richesse attendue. Réduit à sa plus simple expression à force d’être ressassé, il manquera certainement de profondeur et ne rendra pas justice au personnage évoqué.

Le risque de tomber dans l’idolâtrie est aussi bien réel. Porté aux nues, le défunt apparaît alors paré de toutes les qualités. Manque d’objectivité ou aveuglement dû à la tristesse, le travail du biographe sera alors de chercher dans l’histoire de la personne évoquée, les témoignages à l’appui de ces qualités. Sans cela, le récit de vie manquera de sel, d’émotion, de justesse et n’atteindra pas l’objectif poursuivi.

Le dernier risque est de n’avoir qu’une vision parcellaire de l’histoire, parce que le panel de témoins raconte une seule période, une seule facette, de la vie du disparu. Il faut donc veiller dès le démarrage du projet à ce que les narrateurs soient en mesure de raconter « toute » l’histoire, chacun complétant l’autre.

Quelques précautions s’imposent aussi dans le recueil de la parole de chacun. Sans doute vaut-il mieux recevoir les témoignages séparément pour que le récit de l’un ne soit pas entravé par la présence de l’autre. Un guide d’entretien permettra aussi de cibler les questions, selon le narrateur, sa relation avec la personne disparue et la période pendant laquelle il l’a côtoyée.

 

Hommage à titre posthume

 

La biographie chorale pour rendre hommage à une personne disparue est donc, pour le biographe, un projet à mener avec beaucoup de circonspection, tout en sensibilité, où les attentes des commanditaires sont grandes et de l’ordre de l’émotion. En connaître les risques et savoir les maîtriser sont la garantie d’un travail de qualité.

 

Photo de Tim Marshall sur Unsplash

5 bonnes raisons d'offrir une biographie à ses proches

12/12/2023

5 bonnes raisons d'offrir une biographie à ses proches

5 bonnes raisons d’offrir une biographie à ses proches pour Noël (ou toute autre occasion 😊) et 1 conseil d’ami

 

C’est bientôt Noël et vous êtes en panne. En panne d’inspiration pour trouver le cadeau idéal pour vos parents ou vos grands-parents. 

Ça tombe bien, j’en ai un à vous proposer. Je vous explique.

5 bonnes raisons d’offrir une biographie à ses proches pour Noël (ou toute autre occasion 😊) et 1 conseil d’ami

1 — Offrez un cadeau personnalisé et unique

Chacun vit sa vie à sa façon, fait ses propres expériences et ses choix. C’est ce qui rend chaque parcours de vie unique et fait qu’il mérite d’être raconté. En proposant à vos proches de témoigner dans une biographie, non seulement vous leur portez une attention toute particulière, mais en plus vous leur démontrez de l’attachement et de l’intérêt. Par ce cadeau personnalisé, vous leur dites : « Ce que tu as vécu est important pour moi, j’ai envie d’en savoir plus, raconte-moi s’il te plaît. »

Un cadeau pour se raconter

Car souvent l’envie de raconter est présente chez les séniors, vous avez sûrement noté qu’ils éprouvent beaucoup de plaisir à partager leurs souvenirs à l’oral. Mais de là à passer à l’écrit, la marche est haute. C’est pourquoi en leur démontrant tout l’intérêt que cette démarche représente à vos yeux, vous levez leurs freins et leurs réticences. Vous leur permettez aussi de prendre conscience du fait qu’ils ont traversé l’histoire récente, et que leur témoignage est important pour les plus jeunes générations.

2 — Un projet qui fait sens

La démarche du récit de vie recèle des vertus insoupçonnées. L’objectif lui-même a du sens : transmettre, partager, donner, laisser une trace ! Le chemin pour y arriver est souvent porteur d’une dynamique nouvelle et bénéfique pour la personne qui se raconte. Pour certaines personnes âgées isolées, ce rendez-vous régulier avec le biographe est attendu et apporte un nouveau souffle.

Un projet qui s’inscrit dans la durée

C’est un projet qui s’inscrit dans la durée, six mois, un an, parfois plus. Le processus est itératif et enrichissant par bien des aspects. Se souvenir permet au narrateur d’exercer sa mémoire. Plonger dans le passé, retrouver les anecdotes qui ont ponctué son histoire, faire ressurgir les belles choses, les plus tristes aussi. Ce projet, revigorant à bien des égards pour les aînés, procure du plaisir, plaisir à voyager dans le temps et l’espace, à convoquer ses souvenirs, à revivre sa jeunesse, à rêver et à s’évader. Tous les narrateurs le disent : c’est avec joie qu’ils empruntent le chemin du souvenir.

3 — Offrir le livre de sa vie, ça n’a pas de prix

Quelle est la valeur d’une vie ? Question embarrassante, à laquelle il est bien difficile de répondre. « La vie ne vaut rien (…), mais rien ne vaut la vie ! » chante Alain Souchon à raison. Offrir à un proche la possibilité de raconter sa vie, c’est par nature un cadeau d’une valeur tout à fait inestimable. Cadeau familial par excellence, c’est lorsqu’il est offert par plusieurs membres d’une même famille qu’il prend tout son sens, pour la personne qui le reçoit. En effet, quelle plus belle preuve d’amour que d’offrir à nos parents ou grands-parents le livre de leur vie ?

Un objet de famille

Ce livre deviendra un objet de famille, offert à tous ses membres, pour se souvenir et témoigner que chacun participe de cette lignée.

4 — La famille, grande bénéficiaire de ce projet

Car c’est bien la famille tout entière qui sera la bénéficiaire de ce projet. Collecter la mémoire des aînés, c’est tendre la main vers les générations suivantes : faire le lien, parler des racines, donner du sens et même de la connaissance aux plus jeunes. Cela s’inscrit dans un process intergénérationnel de transmission.

Quand la famille participe au projet de biographie

Il arrive aussi que les membres de la famille souhaitent s’engager dans le projet pour ne pas être de simples lecteurs du récit, mais en devenir les acteurs. Le projet de livre de vie devient alors une œuvre collective qui permet aux jeunes générations de contribuer à la biographie de leur aîné en apportant les souvenirs et anecdotes partagés avec cet être cher. Cet engouement est vécu comme une marque d’attention supplémentaire par le narrateur. L’ensemble forme alors un récit choral, unique en son genre, que chacun aura plaisir à lire ou relire.

5 — Un travail sur soi qui fait du bien

Il est prouvé que l’écriture introspective a des vertus thérapeutiques. Pour le narrateur, écrire sur sa vie est souvent vu comme une façon de dresser un « arrêté comptable » sur les plans personnels et professionnels. Témoigner de tout ce que l’on a réussi et prendre le temps de s’en réjouir. Regarder également les revers que l’on a traversés, avec les yeux d’aujourd’hui, souvent plus indulgents et apaisés. Parler de ses engagements et de ses choix, c’est aussi trouver matière à expliquer, à réfléchir sur soi. Le bénéfice de ce travail d’introspection est toujours supérieur à l’investissement qu’il demande.

Quand parler du passé permet de se projeter

Ce n’est pas parce que l’on raconte sa vie que celle-ci est finie ! Bien au contraire, repartir du passé permet de se projeter vers l’avenir en dressant la liste de ses envies, de ses objectifs pour les années à venir. La biographie devient alors un formidable tremplin pour engager de nouvelles actions — réfléchies — basées sur l’expérience et le vécu.

Le conseil d’ami : de l’importance de se faire accompagner de A à Z

Pour que ce cadeau ne soit pas un cadeau empoisonné, il est crucial d’être bien accompagné dans la démarche. Pouvoir déléguer à un professionnel de l’écriture l’accompagnement de vos proches, c’est le gage de réussite du projet. J’ai 2 mots à vous dire, biographe familial, vous apporte à la fois un cadre rassurant où la confidentialité est de mise et une méthode qui a déjà fait ses preuves auprès d’une dizaine de narrateurs, avec en prime, un climat de confiance propice à engager le dialogue et recueillir les confidences du narrateur.

Un projet piloté de bout en bout par votre biographe

J’ai 2 mots à vous dire vous accompagne tout au long du projet. Recueillir les souvenirs, aider à stimuler la mémoire, rédiger l’ouvrage, organiser le récit, insérer les photos : tout est pris en charge de A à Z du premier rendez-vous jusqu’à la réalisation du livre.

Alors qu’attendez-vous pour passer à l’action avant Noël ?

Réservez votre entretien de prise de contact, il est gratuit et sans engagement.

 

L’accompagnement à l’écriture, un enrichissement mutuel !

19/10/2023

L’accompagnement à l’écriture, un enrichissement mutuel !

La difficulté de se raconter dans une autobiographie


Nombreux sont celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un projet de récit de vie, certains s’y attellent seuls. Au départ, ils sont souvent débordants de courage et de motivation, fouillant dans leur mémoire et leurs photos, pour jeter sur le papier, pêle-mêle, anecdotes et souvenirs. L’exercice est amusant, stimulant, les mots jaillissent… Et souvent, le résultat peut paraître décevant. Manque de structure, vocabulaire trop pauvre, récit linéaire, et j’en passe. Parfois aussi, tous les ingrédients sont réunis, mais la motivation ne suit pas. S’enfermer de longues heures pour écrire ne s’improvise pas. L’essoufflement arrive sans crier gare alors que le projet est loin d’être terminé.


Se faire aider dans son projet d'autobiographie

Devant ce constat, on peut être tenté de baisser les bras et d’abandonner purement et simplement l’entreprise ! Certains le font et passent la main au biographe ; d’autres poussent ma porte pour trouver les ressorts qui vont leur permettre de continuer. Et ils ont bien raison !
Que puis-je leur apporter qu’ils n’ont pas su trouver ? De l’écoute, un regard extérieur, neutre et bienveillant ? Bien sûr, mais pas seulement ! Se faire accompagner par un écrivain public, c’est aussi accepter d’être challengé dans toutes les phases du projet. 


 Accompagnement à l'écriture : en quoi consiste l'aide apportée 


La question se pose dès la première minute où je pose le regard sur un texte : à qui l’auteur le destine-t-il, qui est son public, quels sont les objectifs poursuivis ? J’ai besoin de savoir pourquoi et à qui il souhaite raconter sa vie, avant de poursuivre l’aventure à ses côtés. Des réponses à ces questions simples (ou pas) découle tout le reste.

Ensuite vient la question du style : entend-on en lisant son texte, la voix du narrateur, ce qui fait sa spécificité, sa singularité ? Le choix du vocabulaire est important certes, mais ce sont les expressions — qu’elles soient familières, régionales, voire parfois imagées — qui feront toute la saveur du récit. Glisser çà et là quelques mots familiers, du patois ou des tournures désuètes suscitera l’intérêt du lecteur. Celui-ci doit retrouver dans le texte « la parlure » du conteur. C’est pourquoi je m’efforce toujours de convaincre le narrateur de se laisser aller à utiliser certains termes, tout simplement parce qu’ils lui ressemblent ! 

Un récit qui captive est aussi celui qui sait retenir l’attention du lecteur : c’est tout l’art du storytelling. Description des personnages, note d’humour, anecdotes croustillantes, suspense sont autant de pépites à distiller au cœur du récit. Cette approche narrative fait toute la différence pour solliciter l’imaginaire et les émotions tout au long de la lecture. Mon rôle est alors de stimuler la mémoire de l’auteur pour faire renaître ces fragments de vie, et de capter tout ce qui permettra de les mettre en valeur par le choix des mots qui accompagneront le récit.

Plus épineux est le sujet de la structure du récit. Suivre un fil rouge, chronologique ou pas, s’autoriser des analepses (plus communément appelés flashbacks) ou des prolepses (l’inverse, donc l’anticipation d’un fait qui ne s’est pas encore produit) pour casser la monotonie, c’est une bonne base de travail. Il existe bien des manières d’organiser la narration. Encore faut-il s’y retrouver dans l’écheveau des souvenirs. Je propose souvent à mes clients une frise chronologique pour classer les faits majeurs, les dates qui ont compté dans leur vie. Cela permet de replacer chaque souvenir annexe à la bonne époque. Certains auront besoin de passer par un plan détaillé pour guider leurs pas. J’adhère tout à fait à cette méthode, qui met de la rigueur dans la démarche, permet de ne rien oublier et d’avoir une première idée du chapitrage. Mais cette structure ne doit pas être un carcan qui empêche toute fantaisie : bousculer les lignes permet souvent d’obtenir un résultat plus attractif.

Accompagner, c’est aussi encourager, motiver, convenir ensemble d’objectifs réalistes, donner de la méthode. Installer une routine d’écriture peut s’avérer indispensable pour certains, mais contre intuitif pour d’autres. La souplesse et la capacité d’adaptation sont indispensables pour apporter un soutien de qualité au narrateur. Il faut faire avec les emplois du temps chargés, les baisses de forme… le principal est de garder en vue l’objectif. Être là au bon moment pour ranimer la flamme et permettre au narrateur de continuer à écrire pour que son projet voie le jour, c’est important.

Au fil de l’avancée du récit autobiographique, je me fais aussi relectrice et correctrice. Les niveaux de maîtrise de l’orthographe de mes clients sont très disparates, aussi, sans promettre le zéro faute, je m’efforce toujours de le viser. Il est à l’évidence plus agréable de lire un texte grammaticalement correct ! Je termine toujours mon accompagnement par des conseils pour une mise en forme attractive du texte qui permettra ensuite de le faire imprimer.  
 

La posture d'accompagnant

Tout ceci peut paraître bien idyllique, il y a bien sûr des écueils dans lesquels il ne faut pas tomber lorsque l’on intervient auprès de nos clients. Être trop directif, par exemple, ce qui peut bloquer la créativité. Mais le plus important d’entre eux serait de ne pas laisser la place au style du narrateur. C’est parfois difficile parce que nous avons tous notre style d’écriture et qu’il s’agit là d’un exercice qui oblige à s’en affranchir pour accueillir celui de l’autre. Il faut donc sans cesse adapter notre posture, la questionner pour rester dans l'appui et le soutien du projet du narrateur. Car c’est ce qui fait toute la richesse de l’accompagnement à l’écriture : s’effacer pour laisser la porte grande ouverte aux mots des autres pour mieux se laisser surprendre.

De la biographie familiale à la biographie tout court, il n'y a qu'un pas !

14/09/2023

De la biographie familiale à la biographie tout court, il n'y a qu'un pas !

Un projet un peu fou !
Pour toute matière, j’avais : 
– son livret militaire de marin
– les cartes postales qu’il envoyait à sa famille et celles qu’il recevait
– la reconstitution de son périple autour du monde, réalisée par mon père.
Et quelques données que j’avais reconstituées :
 – il avait mis les pieds dans une vingtaine de pays, été absent pendant deux mille cent quarante-cinq jours et parcouru près de cent vingt mille kilomètres sur les mers.

Je suis d’abord partie avec l’idée de romancer la quasi-totalité de l’ouvrage. En effet, mon grand-père était bien peu loquace dans sa correspondance. Bien qu’il ait posé le pied sur les cinq continents, séjourné dans des endroits enchanteurs (Tahiti, les Marquises…), visité des métropoles (Singapour, New York…), rien ne semblait l’étonner. Quelles étaient ses occupations, quel était son rôle sur les navires, quel était son état d’esprit ? Rien ou presque de tout cela ne transpirait dans ses écrits. Il se bornait à parler de sa santé, et, après quelques années loin de chez lui, à dire qu’il était las de la guerre.
Je souhaitais cependant ancrer mon récit dans la réalité d’une époque, m’assurer de sa véracité historique. Je me suis donc lancée dans des recherches sur internet.
À partir de ce moment-là, mon projet a pris un tout autre tour : j’ai identifié un nombre important de sources, que j’ai pu recouper entre elles. Elles ont non seulement enrichi mon histoire, mais l’ont éclairée sous un angle parfois inattendu. Il se trouve que mon grand-père a participé de près ou de loin à quelques événements que l’on peut qualifier d’historiques. Je citerais à titre d’exemple : le bombardement de Tahiti ou encore la révolte des Cipayes à Singapour. Grâce aux journaux de bord de la Marine française, dont certains sont intégralement numérisés et disponibles en ligne, je peux affirmer avec certitude qu’il a vécu tous ces événements.
La biographie romancée que j’avais l’intention d’écrire est donc devenue petit à petit un ouvrage s’appuyant sur des faits historiques avérés. Au fil de l’avancement de mon récit, j’ai aussi fait des découvertes. Je m’étais toujours demandé pourquoi mon grand-père avait été envoyé aux États-Unis, à New York à l’automne 1917. Je vous laisse imaginer l’émotion qui s’est emparée de moi lorsque j’ai fini par le découvrir…
Bien sûr, mon récit laisse aussi place à l’imagination, je n’ai pas pu combler tous les vides.
Il reste que mon parti pris, tout au long de la rédaction de cet ouvrage, a été de ne pas trahir mon aïeul, un homme simple, maçon et paludier, qui n’avait qu’une hâte : que la guerre se termine et qu’il puisse rentrer chez lui, auprès des siens, après six ans d’absence.

 
Vous souhaitez découvrir cet ouvrage ? Il est disponible en format livre de poche (avec un cahier d'illustrations reprenant quelques-unes des cartes postales de mon grand-père) et en pdf en cliquant ici : https://www.thebookedition.com/fr/le-tour-du-monde-malgre-lui-p-399766.html?referer=https://www.linkedin.com/&token=%c650323ea17547

Qui sont les clients du biographe ?

22/06/2023

Qui sont les clients du biographe ?

Qui sont les clients du biographe ?

 

Lorsque j’ai démarré mon activité de biographe, je me suis pliée à l’exercice que doit réaliser tout entrepreneur qui se respecte : définir son client cible. En marketing, cela s’appelle le persona. L’exercice est poussé : le persona doit ressembler en tout point à une vraie personne. Aussi faut-il lui donner un prénom, imaginer son histoire, ses goûts, ses activités, ses freins, ses préférences lorsqu’il se renseigne ou cherche à acquérir un bien ou un service… Il me fallait tout connaître de lui. 

 

Premier Persona
Il y a dix-huit mois, j’avais imaginé une dame âgée d’environ quatre-vingts-ans, qui avait été active toute sa vie, aimant lire, raconter son histoire, voyager, rencontrer des amis… Mon persona s’appelait Louise.

 

Second Persona
Un an et demi plus tard, boum patatras, je déclare que je m’étais complètement fourvoyée. À vrai dire, cela fait déjà quelque temps que je l’ai compris. C’est pourquoi j’ai créé un second persona, Nathalie. Le constat est le suivant : celui qui va trouver un biographe est, dans la majorité des cas, un enfant souhaitant que l’un de ses parents raconte son histoire. Pour être même plus précis, c’est le plus souvent la fille du narrateur qui entreprend cette démarche. Mon persona, s’il est bien de sexe féminin, a donc rajeuni de vingt à trente ans.

 

Je m’interroge alors : pourquoi les femmes seraient-elles plus demandeuses que les hommes de connaître l’histoire de leurs parents ? Sans doute est-ce simplement parce que dans les faits, les filles sont plus nombreuses que les fils à s’occuper d’un père ou d’une mère âgée. Pour autant, les motivations des unes et des autres me paraissent semblables. Je vais tenter ici de les exposer, grâce à l’expérience acquise dans ma pratique de biographe. Bien sûr, chaque cas est unique, mais des points de convergence existent.

 

Quelles sont les motivations pour proposer à son parent d'écrire son récit de vie ?
Lorsqu’un parent prend de l’âge, les enfants — souvent ceux qui sont les plus proches géographiquement — sont en règle générale en première ligne pour l’aider dans son quotidien, ses démarches, sa santé, son maintien à domicile. Ils s’inscrivent ainsi dans une sorte de jeu de miroir : « Maman/Papa, tu t’es occupé(e) de moi lorsque j’étais enfant, maintenant, c’est à mon tour de prendre soin de toi. » Le point de bascule est souvent la perte du conjoint, qui vient renforcer l’isolement du parent survivant — les enfants assurent alors une présence plus régulière. Ils sont à l’écoute et de fait, deviennent les réceptacles de souvenirs maintes et maintes fois répétés. De là à souhaiter que ceux-ci ne se perdent pas, il n’y a qu’un pas ! 


L’idée de conserver ce patrimoine familial afin de le transmettre commence alors à germer, afin de ne pas être le seul dépositaire et gardien de ces trésors. De surcroît, voir vieillir son ascendant s’accompagne également de la crainte de perdre, en même temps que lui, une partie de son histoire. Or, il n’est pas rare que les souvenirs racontés s’inscrivent dans la grande Histoire : la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie, les évolutions de la société à la suite de mai 68… Le XXe siècle est émaillé de périodes charnières qu’il est important de raconter aux générations à venir. 


Autre objectif poursuivi en s’engageant dans un projet de récit de vie : faire plaisir à son parent, le distraire et lui permettre d’occuper une partie de son temps libre — souvent important dans un agenda moins rempli en sorties et activités diverses. Je constate toujours que c’est avec un immense plaisir que les seniors se replongent dans leurs souvenirs : ils me l’affirment à chaque fois. Ces voyages vers le passé les transportent dans leur jeunesse, parfois avec nostalgie, toujours avec émotion. Bref, le travail qui se fait autour de la biographie leur fait du bien !

 

Les vertus de la biogrpahie
Proposer ce projet de biographie à son parent âgé a plusieurs vertus. Cela permet de faire le lien entre les générations : dans son récit de vie, le narrateur s’adresse souvent à ses petits-enfants voire à ses arrière-petits-enfants. C’est également l’occasion rêvée pour lui de parler de ses racines et d’inscrire son histoire dans une lignée. Enfin cela lui permet de passer le témoin à sa descendance, pour raconter la suite. 
C’est là que le métier de biographe trouve tout son sens : être un « passeur d’histoires ».

Le récit de voyage, quelle découverte !

15/05/2023

Le récit de voyage, quelle découverte !

À quand remonte cette passion ? Elle a commencé par la lecture. J’avais huit ans lorsque j’ai reçu en cadeau un livre : Où est-ce ? Un voyage autour du monde. Ce livre est toujours dans ma bibliothèque, il porte les stigmates du nombre de fois où il a été consulté : la tranche est partie en lambeaux. Mais la couverture est presque intacte, avec son fond orange, typique des années 70. Cent quatre-vingts pages illustrées de dessins de lieux, trois sites remarquables par page. Grâce à ce livre, j’ai voyagé sur tous les continents des pyramides de Gizeh à la grande muraille de Chine. 
Plus tard, le rêve a pris forme, engloutissant au passage mes quelques économies d’étudiante, puis une partie conséquente de mon budget de jeune femme active. Je ne partais jamais sans un petit carnet qui me permettait de noter toutes les péripéties du voyage, les rencontres, les émerveillements, les couleurs, les bruits et les odeurs, les drôles de bestioles (parfois côtoyées contre mon gré)… Pendant le voyage, je partageais ces émotions en adressant des cartes postales à mes proches… Au retour, le voyage m’habitait encore lorsque je confectionnais mes albums photos. 

 

Récit de voyage : la découverte des possibles 

 

J’y vois désormais un signe avant-coureur de ce qui est devenu mon métier : biographe. En effet, retracer dans un livre un récit de voyage prend tout son sens dans mon activité de passeur de mémoire. L’idée naît d’abord d’une envie de fixer des images et des souvenirs, pour la postérité. Ensuite s’ajoute le besoin de raconter des situations vécues — parfois cocasses — et de revivre des moments d’exception. Puis vient le temps de relater les moments de partage et les échanges, rendus possibles par les rencontres faites sur les chemins du monde. 
Le voyage, même s’il n’est pas lointain, est toujours une découverte. C’est se confronter à un environnement différent, à une culture et un patrimoine qui nous sont étrangers, à une gastronomie dont parfois, les épices et les saveurs nous intriguent ; c’est aller à la rencontre des traditions populaires perpétuées depuis des générations. Le voyage fait appel à tous nos sens et, par-dessus tout, il vient assouvir notre curiosité. 


Comment ne pas être émus par le spectacle des crémations à Bénarès, éblouis par un coucher de soleil sur le rocher d’Uluru, sidérés en accédant au site du Machu Picchu ? S’avancer vers le Grand Canyon et le découvrir soudain à nos pieds, immense, profond et majestueux ; ou encore, se perdre dans la mégalopole tokyoïte et découvrir au détour d’une rue, un parc aux sentiers moussus ou un temple couvert d’or. Autant d’émotions vécues que le récit de voyage permet de partager.

 

Le récit de voyage, la clé pour ne pas oublier


Lorsque j’accompagne des narrateurs voyageurs dans leur récit, je m’envole avec eux, je vis leur voyage, je suis curieuse de leurs rencontres, de leurs ressentis, des personnages qu’ils ont croisés, bref, des anecdotes qu’ils me confient. Ils ont souvent les yeux qui brillent à l’évocation de leurs souvenirs, signe qu’il s’agit là de moments qui les ont marqués. Souvent des photos accompagnent ces souvenirs et c’est encore mieux : elles ravivent la mémoire et font remonter à la surface, des anecdotes qui régaleront le lecteur.


Oui, le récit de voyage est un formidable récit de vie, de ceux que l’on n’oublie jamais, de ceux qui font rêver, et donnent envie de repartir !


 

L'interview de la biographe

17/04/2023

L'interview de la biographe

Pour écouter l'interview, c'est ici !

Le récit de naissance, un récit de vie pas comme les autres !

28/02/2023

Le récit de naissance, un récit de vie pas comme les autres !

Dis maman, comment c’était quand j’étais dans ton ventre ? Et quand j’étais un bébé ? À quel âge j’ai fait mes premiers pas ? Tu te souviens de cette photo où l’on est tous les deux, c’était où ?

 


Qui a la chance d’être maman (oui, je suis de celles qui considèrent cela comme un bonheur) a forcément entendu l’une ou l’autre de ces questions, posée des années après par un chérubin qui pèse désormais quatre-vingts kilos. Si certains souvenirs sont gravés dans notre mémoire, d’autres, plus nombreux, ont fini par s’effacer… parce que les années sont passées par là.
Pourquoi ne pas prendre le temps de se poser une ou deux heures pour lui raconter notre grossesse et les premières années de sa vie ? Parce que c’est un moment exceptionnel dans une vie… même s’il ne nous a pas toujours laissé que de bons souvenirs ! Et quand bien même il y aurait des souvenirs difficiles, voire douloureux, n’est-ce pas l’occasion de déposer sur le papier ce fardeau ?

 

Une grande bouffée d'émotions

 

Alors, on y va, on prend une grande bouffée d’émotion ?

Concevoir la vie n’est pas chose facile, il y a des embûches, des grossesses qui tardent à venir, d’autres qui se passent mal. Certaines sont amputées de quelques semaines et le bébé arrive sans crier gare. D’autres encore débouchent sur le deuil d’une vie qui ne faisait que commencer. Et puis, il y a celles où tout se passe à merveille… oui, oui, il y en a !

 

Neuf mois d'attente... ou moins


C’est beau de raconter l’attente, à commencer par la première d’entre elles : fille ou garçon ? On veut savoir ou en s’en fout. Puis les premiers mouvements : « Viens vite, il a bougé, mets ta main sur mon ventre. Là, oui, là ! » quelle joie de pouvoir enfin partager ces moments uniques avec l’autre parent. Les interactions se font ensuite plus nombreuses, on suit un petit pied qui se déplace dans un ventre désormais bien rebondi, un autre appuie là où ça fait mal. « Mais qu’est-ce qui se passe : oh ! il a le hoquet ! »  Arrivent les questions : « Est-ce que mon bébé reconnaît ma voix ? Je vais lui faire  écouter mon chanteur préféré, à moins qu’un air d’opéra… Comme ça, il sera mélomane plus tard, c’est sûr. » « Qu’est-ce qu’il ou elle préfère : les lasagnes ou les crêpes ? »
S’en suit la prise de tête : le choix du prénom ! Si c’est une fille, ce sera Eglantine et si c’est un garçon Hector. On est d’accord, tant mieux ! Mais ça, c’est rare … « Ah non, tu ne vas pas l’appeler comme ton grand-père Alphonse ! » « Non, pas Prudence, cela va la freiner dans tout ce qu’elle entreprendra. » Alors, on fait des compromis, en espérant ne pas les regretter un jour. Ou on attend le dernier jour… et on demande à la sage-femme : « Et vous, vous appelez comment ? » 

 

Le jour J


Petit à petit, approche l’heure de la naissance. On va souffrir, c’est sûr, mais ça en vaut la peine. « Ça risque d’être long, c’est le premier ! » « Une césarienne, ah non pas question ! Mais si madame ! » A-t-on quelqu’un pour nous tenir la main ? Pour la serrer quand arrive le moment crucial ? Et là, on guette le premier cri, petit couinement de mécontentement : « Qui ose me déranger dans mon nid douillet ? », première confrontation avec la vie. Et on se découvre l’un et l’autre, ébahis. « Je t’ai imaginé pendant neuf mois… et te voilà, waouh ! » « Moi, j’ai été capable de créer ce petit être que je serre contre moi. C’est magnifique ! » Ou encore, la déception, qui ne dure jamais très longtemps : « Qu’est-ce que c’est que ce petit machin tout rouge et tout fripé ? »

 

Les premières années


Après le tsunami d’émotions arrive le tsunami tout court : on rentre à la maison, on grappille des demi-heures de sommeil, on change une couche, dix couches, cent couches. On donne des bains, on joue avec l’eau, on fait pouët-pouët avec le canard. On se couche en se disant que cette fois, c’est bon, le bébé va dormir six heures d’affilée et il se réveille au bout de deux. On donne la tétée, le bib, la totote, un quignon de pain. Il fait ses dents, elle est malade, il pleure, elle hurle, il sourit, elle rit aux éclats, il dit son premier mot (maman forcément !), elle marche à quatre pattes, il se met debout, elle tombe, il se relève, elle a fait son premier pas !!!!


Oui, c’est ce tourbillon d’émotions que l’on raconte dans un récit de naissance : les joies, les peines, les fous rires, les moments de tendresse, les petites bêtises, les premiers mots… Qu’il soit écrit en solo ou conçu à deux, c’est un vrai cadeau pour l’enfant qui le reçoit, le plus beau des témoignages d’amour tout simplement.

Parlons biographie | Episode 8 - L'envie de raconter son histoire

31/01/2023

Parlons biographie | Episode 8 - L'envie de raconter son histoire

Au fil des épisodes de ma série d’articles de blog consacrés à la biographie : « Parlons biographie : Pourquoi a-t-on besoin de raconter son histoire ? », j’ai partagé avec vous ma conception de la biographie en faisant appel à une métaphore. Et si la biographie était une recette de cuisine ?

 

Réunissons d’abord les ingrédients de base - la parole, l’écriture et la mémoire - et de délicieuses épices : le besoin et l’envie. Et ajustons notre tablier !


Si le point de départ de la recette est de recueillir la mémoire, grâce à la parole du narrateur et à l’écriture du biographe, la question du besoin se pose assez rapidement. Quel est le besoin ou plutôt quelles sont les familles de besoins, qui amènent à vouloir se raconter ? J’en ai identifié six, chacune ayant fait l’objet d’un épisode de ce blog : 
-    Laisser une trace de son passage,
-    Transmettre son histoire familiale,
-    Témoigner,
-    Servir d’exemple à ses proches,
-    Se libérer de ses traumatismes,
-    Aider les autres.


Après vous avoir longuement entretenu de la première épice, le besoin d’écrire sa biographie, il me reste à évoquer avec vous la seconde épice de ma recette : l’envie de se raconter ! 


Parce que sans envie, il n’y a tout simplement pas de biographie. On ne force pas quelqu’un à écrire sa biographie, cela relève avant tout d’une démarche volontaire et choisie. Et ce choix n’est pas dénué d’efforts à consentir, pour arriver à l’objectif final : écrire sur sa vie. 
Pour se lancer dans un projet de récit de vie, il faut en effet avoir l’envie chevillée au corps : regarder en arrière, se replonger dans le passé, revivre une époque révolue. L’envie de faire ressurgir des souvenirs heureux ou malheureux, de renouer avec des moments de grâce et avec d’autres que l’on aurait mieux aimé oublier. 


Cette envie, comment se manifeste-t-elle ? 


Elle arrive sans crier gare au détour d’une page d’un vieil album photos, lorsque nous assaillent des visages, des noms, des lieux et toutes les émotions dont ils sont chargés.
Elle surgit à notre oreille à l’écoute d’une mélodie que l’on croyait oubliée, d’une chanson de sa jeunesse, du tube de ses années lycée, qui nous submergent sous une vague de nostalgie ou de gaieté.
Elle prend parfois la forme d’un bon petit plat qui réveille nos papilles, au souvenir des recettes dont nous régalait maman. 
Parfois, elle vient flatter nos narines des délicieuses effluves de cuisson qui nous rappellent notre gâteau d’enfance. 
On la retrouve enfin par hasard, lorsque nos doigts se réveillent au doux toucher d’une étoffe ou d’un meuble de famille.
La biographie nous emporte donc, nos cinq sens en éveil, elle nous transporte au cœur de nos souvenirs, elle nous apporte la possibilité de revivre en pensée de courts instants de vie.


Alors, ne vous demandez pas si votre vie est assez "intéressante" pour la raconter... Demandez-vous simplement si vous en avez besoin, et surtout, si vous en avez envie ! 

Parlons biographie | Episode 7 - Aider les autres

28/12/2022

Parlons biographie | Episode 7 - Aider les autres

Ecrire sa biographie répond à un besoin

Nous avons observé dans les derniers épisodes de mon blog dédié à l’écriture biographique, que le récit de vie permet de se libérer de ses traumatismes, en les couchant sur le papier. Il a été souligné que le plus souvent cette démarche n’avait pas vocation à être partagée, l’écrit ayant alors une visée « thérapeutique ».

 

Raconter son histoire pour aider les autres

Mais il arrive également que le fait de raconter comment une épreuve a été surmontée puisse aider les autres. En effet, en partageant une expérience personnelle douloureuse et surtout en montrant la façon dont nous avons réussi à nous en relever, nous pouvons apporter une aide à ceux qui sont confrontés à des situations similaires. C’est bien de résilience dont il s’agit, comme l’évoquait FW Nietzsche : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. » En surmontant les difficultés auxquelles j’ai été confronté, j’atteste ainsi de ma propre force. 

Témoigner de cette histoire personnelle, c’est alors véhiculer un formidable message d’espoir aux lecteurs. J’ai souffert, je m’en suis sorti, je raconte pour vous montrer que c’est possible et que je suis là aujourd’hui, pour le dire. 
La liste des traumatismes est longue : combattre la maladie, faire le deuil d’un enfant, accompagner un parent atteint d’une maladie invalidante, élever un enfant handicapé, se relever d’un burn-out... Autant de chocs émotionnels ou physiques devant lesquels nous nous sentons très seuls lorsque nous y sommes confrontés. Et pourtant… d’autres que nous sont forcément passés par là, d’autres que nous ont vécu une situation douloureuse identique. Leur témoignage, qui met des mots sur ce que l’on ressent, peut aider à surmonter l’épreuve subie.
J’ai ainsi dans mon entourage une jeune femme qui a été atteinte d’un cancer à quarante ans. Lorsque le diagnostic est tombé, très brutalement, Camille a d’abord sombré un temps dans le désespoir. Mais c’est une battante, une vraie force de la nature et elle a vite repris le dessus. Elle ne s’est quasiment jamais arrêtée de travailler pendant son traitement. Pourtant, c’est un vrai parcours du combattant qui l’attendait. Choisir le meilleur hôpital pour se faire soigner ; trouver une belle perruque ; se renseigner sur les thérapies douces permettant de soulager certains effets secondaires des traitements… Elle ne savait pas vers qui se tourner pour obtenir des informations fiables face à ses multiples questions sans réponse. Elle a parfois dû remuer ciel et terre pour aller chercher les bonnes réponses. 
Alors, lorsqu‘elle a été guérie, elle a voulu raconter son cheminement, sans rien omettre de ce qu’elle avait vécu pendant plus d’un an. Son objectif était d’aider celles et ceux qui se trouvaient dans la même situation :  les informer, les guider, leur donner des conseils pratiques et surtout les rassurer… Le récit de son combat contre la maladie a permis d’aider beaucoup de femmes et d'hommes. Et aujourd’hui encore, plus de dix ans après, elle ne manque jamais d’aller voir les malades lorsqu’elle se rend à l’hôpital pour des visites de contrôle. Ce qu’elle apporte avec elle n’a pas de prix : c’est le symbole de la guérison et surtout de l’espoir.

La biographie pour être utile 

Certes, se lancer dans un tel récit de vie demande du courage et de l’abnégation, cela oblige à repasser par toutes les étapes difficiles que l’on a vécues. Mais lorsque l’on écrit, non seulement pour soi, mais aussi pour les autres, l’objectif est tellement puissant et noble, qu’il permet de passer outre les obstacles. Savoir que son expérience personnelle va servir à d’autres, c’est gratifiant, cela permet de se sentir utile et de pouvoir simplement se dire : 

« Je n’ai pas vécu tout cela pour rien ! »