Le blog dédié À LA BIOGRAPHIE

Françoise LunardiEcrivain public - biographie - contenus rédactionnelsMembre agréé de l'Académie des écrivains publics de France

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Parlons biographie | Episode 6 - Se libérer de ses traumatismes

29/11/2022

Parlons biographie | Episode 6 - Se libérer de ses traumatismes

Écrire sa biographie, à quoi ça sert ? Après vous avoir donné ma recette de la biographie, je vous invite à découvrir avec moi au fil des épisodes de ce blog, les différentes familles de besoins qui conduisent à écrire sa biographie. Besoin numéro 5 : Se libérer de ses traumatismes.

Ecrire sa biographie pour se libérer de ses traumatismes

Si ces quatre premières familles sont tournées vers les autres, avec une volonté sous-jacente d’offrir aux autres son histoire, le besoin de se libérer de ses traumatismes est quant à lui, centré sur le narrateur. Dans ce contexte, écrire est un moyen d’aller mieux. Pour nombre de personnes, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Que l’on soit touché par le deuil ou l’exil, soumis à la violence physique ou morale, atteint par la maladie : exprimer sa douleur en la couchant sur le papier peut faire partie des actes de la thérapie. 

 

Mettre des mots sur les maux

On entend souvent dire : « Il faut mettre des mots M O T S sur des maux M A U X. » Même si cette expression semble un peu galvaudée, elle n’en demeure pas moins tellement parlante, évidente même, qu’il est difficile de ne pas s’y arrêter quelques instants. Que nous dit-elle ? Elle nous enseigne que passer à l’écrit pour qui souhaite s’engager dans un travail de résilience est aujourd’hui une nécessité. Il est en effet prouvé que le fait de raconter un épisode traumatique peut aider à se soigner. La méthode est d’ailleurs employée par des psychologues et des psychothérapeutes, qui n’hésitent pas à demander à leurs patients d’écrire sur leur souffrance, de la raconter pour mieux l’apprivoiser en quelque sorte. Sans aller jusqu’à la thérapie, certains ateliers d’écriture, centrés sur le récit de situations difficiles, permettent aussi, en libérant les émotions ainsi décrites, de prendre du recul et de la distance avec les faits. L’écriture est alors libératrice. 


J’ai ainsi rencontré Marie, une jeune femme suivie par une psychologue depuis dix ans. Marie avait été enfermée dans une relation toxique pendant près de dix ans avec un homme devenu alcoolique et violent. Lorsque la violence a commencé à se tourner vers ses enfants, Marie a trouvé le courage de partir. Comme Marie restait prisonnière de cette histoire tragique, son thérapeute lui a conseillé de raconter son histoire en la mettant par écrit. Le défi était immense - revivre tous ces épisodes traumatiques – mais l’enjeu était à la hauteur des difficultés rencontrées : il s’agissait de mettre un point final à l’histoire. Pour Marie, l’objectif n’était pas d’oublier cette partie de sa vie, mais de s’en libérer. En rédigeant son livre, elle s’autorisait enfin à extraire de sa mémoire ces longues années, pour pouvoir enfin aller de l’avant avec ses enfants et ainsi se permettre de revivre, tout simplement. Ce récit de vie très personnel avait pour seule vocation de lui permettre de continuer son chemin, avec la conscience de ce qu’elle avait vécu, mais sans être continuellement hantée par ce passé douloureux.

 

Le courage de raconter son histoire 

Il en faut du courage pour mener à bien un tel projet, cela oblige à remuer des choses qui font mal, mais le jeu en vaut la chandelle. Quels sont donc les mécanismes qui se mettent en route lorsque l’on écrit ? En écrivant, on prend de la distance avec les faits : en mettant des mots sur ce qui nous a touchés, ce qui a été douloureux, on réalise un travail libérateur, car ce sont les pensées négatives ou traumatiques qui nous empêchent d’avancer. La thérapie par l’écriture permet de retrouver des émotions liées aux épisodes vécus, de dégripper certains rouages, de reformuler et de digérer les souvenirs qui nous ont blessés. Le récit de vie permet alors de faire le point sur sa vie, de retrouver la paix intérieure et d’apaiser sa souffrance morale. 

 

Ce type de biographie n’est que rarement destiné à être partagé, on le garde pour soi, comme un témoignage personnel qui devient à la fois le dépositaire de nos blessures et le sésame qui nous autorise à nous en affranchir. 

 

Photo by Darius Bashar sur Unsplash