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18/10/2023
Nombreux sont celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un projet de récit de vie, certains s’y attellent seuls. Au départ, ils sont souvent débordants de courage et de motivation, fouillant dans leur mémoire et leurs photos, pour jeter sur le papier, pêle-mêle, anecdotes et souvenirs. L’exercice est amusant, stimulant, les mots jaillissent… Et souvent, le résultat peut paraître décevant. Manque de structure, vocabulaire trop pauvre, récit linéaire, et j’en passe. Parfois aussi, tous les ingrédients sont réunis, mais la motivation ne suit pas. S’enfermer de longues heures pour écrire ne s’improvise pas. L’essoufflement arrive sans crier gare alors que le projet est loin d’être terminé.
Devant ce constat, on peut être tenté de baisser les bras et d’abandonner purement et simplement l’entreprise ! Certains le font et passent la main au biographe ; d’autres poussent ma porte pour trouver les ressorts qui vont leur permettre de continuer. Et ils ont bien raison !
Que puis-je leur apporter qu’ils n’ont pas su trouver ? De l’écoute, un regard extérieur, neutre et bienveillant ? Bien sûr, mais pas seulement ! Se faire accompagner par un écrivain public, c’est aussi accepter d’être challengé dans toutes les phases du projet.
La question se pose dès la première minute où je pose le regard sur un texte : à qui l’auteur le destine-t-il, qui est son public, quels sont les objectifs poursuivis ? J’ai besoin de savoir pourquoi et à qui il souhaite raconter sa vie, avant de poursuivre l’aventure à ses côtés. Des réponses à ces questions simples (ou pas) découle tout le reste.
Ensuite vient la question du style : entend-on en lisant son texte, la voix du narrateur, ce qui fait sa spécificité, sa singularité ? Le choix du vocabulaire est important certes, mais ce sont les expressions — qu’elles soient familières, régionales, voire parfois imagées — qui feront toute la saveur du récit. Glisser çà et là quelques mots familiers, du patois ou des tournures désuètes suscitera l’intérêt du lecteur. Celui-ci doit retrouver dans le texte « la parlure » du conteur. C’est pourquoi je m’efforce toujours de convaincre le narrateur de se laisser aller à utiliser certains termes, tout simplement parce qu’ils lui ressemblent !
Un récit qui captive est aussi celui qui sait retenir l’attention du lecteur : c’est tout l’art du storytelling. Description des personnages, note d’humour, anecdotes croustillantes, suspense sont autant de pépites à distiller au cœur du récit. Cette approche narrative fait toute la différence pour solliciter l’imaginaire et les émotions tout au long de la lecture. Mon rôle est alors de stimuler la mémoire de l’auteur pour faire renaître ces fragments de vie, et de capter tout ce qui permettra de les mettre en valeur par le choix des mots qui accompagneront le récit.
Plus épineux est le sujet de la structure du récit. Suivre un fil rouge, chronologique ou pas, s’autoriser des analepses (plus communément appelés flashbacks) ou des prolepses (l’inverse, donc l’anticipation d’un fait qui ne s’est pas encore produit) pour casser la monotonie, c’est une bonne base de travail. Il existe bien des manières d’organiser la narration. Encore faut-il s’y retrouver dans l’écheveau des souvenirs. Je propose souvent à mes clients une frise chronologique pour classer les faits majeurs, les dates qui ont compté dans leur vie. Cela permet de replacer chaque souvenir annexe à la bonne époque. Certains auront besoin de passer par un plan détaillé pour guider leurs pas. J’adhère tout à fait à cette méthode, qui met de la rigueur dans la démarche, permet de ne rien oublier et d’avoir une première idée du chapitrage. Mais cette structure ne doit pas être un carcan qui empêche toute fantaisie : bousculer les lignes permet souvent d’obtenir un résultat plus attractif.
Accompagner, c’est aussi encourager, motiver, convenir ensemble d’objectifs réalistes, donner de la méthode. Installer une routine d’écriture peut s’avérer indispensable pour certains, mais contre intuitif pour d’autres. La souplesse et la capacité d’adaptation sont indispensables pour apporter un soutien de qualité au narrateur. Il faut faire avec les emplois du temps chargés, les baisses de forme… le principal est de garder en vue l’objectif. Être là au bon moment pour ranimer la flamme et permettre au narrateur de continuer à écrire pour que son projet voie le jour, c’est important.
Au fil de l’avancée du récit autobiographique, je me fais aussi relectrice et correctrice. Les niveaux de maîtrise de l’orthographe de mes clients sont très disparates, aussi, sans promettre le zéro faute, je m’efforce toujours de le viser. Il est à l’évidence plus agréable de lire un texte grammaticalement correct ! Je termine toujours mon accompagnement par des conseils pour une mise en forme attractive du texte qui permettra ensuite de le faire imprimer.
Tout ceci peut paraître bien idyllique, il y a bien sûr des écueils dans lesquels il ne faut pas tomber lorsque l’on intervient auprès de nos clients. Être trop directif, par exemple, ce qui peut bloquer la créativité. Mais le plus important d’entre eux serait de ne pas laisser la place au style du narrateur. C’est parfois difficile parce que nous avons tous notre style d’écriture et qu’il s’agit là d’un exercice qui oblige à s’en affranchir pour accueillir celui de l’autre. Il faut donc sans cesse adapter notre posture, la questionner pour rester dans l'appui et le soutien du projet du narrateur. Car c’est ce qui fait toute la richesse de l’accompagnement à l’écriture : s’effacer pour laisser la porte grande ouverte aux mots des autres pour mieux se laisser surprendre.
13/09/2023
Un projet un peu fou !
Pour toute matière, j’avais :
– son livret militaire de marin
– les cartes postales qu’il envoyait à sa famille et celles qu’il recevait
– la reconstitution de son périple autour du monde, réalisée par mon père.
Et quelques données que j’avais reconstituées :
– il avait mis les pieds dans une vingtaine de pays, été absent pendant deux mille cent quarante-cinq jours et parcouru près de cent vingt mille kilomètres sur les mers.
Je suis d’abord partie avec l’idée de romancer la quasi-totalité de l’ouvrage. En effet, mon grand-père était bien peu loquace dans sa correspondance. Bien qu’il ait posé le pied sur les cinq continents, séjourné dans des endroits enchanteurs (Tahiti, les Marquises…), visité des métropoles (Singapour, New York…), rien ne semblait l’étonner. Quelles étaient ses occupations, quel était son rôle sur les navires, quel était son état d’esprit ? Rien ou presque de tout cela ne transpirait dans ses écrits. Il se bornait à parler de sa santé, et, après quelques années loin de chez lui, à dire qu’il était las de la guerre.
Je souhaitais cependant ancrer mon récit dans la réalité d’une époque, m’assurer de sa véracité historique. Je me suis donc lancée dans des recherches sur internet.
À partir de ce moment-là, mon projet a pris un tout autre tour : j’ai identifié un nombre important de sources, que j’ai pu recouper entre elles. Elles ont non seulement enrichi mon histoire, mais l’ont éclairée sous un angle parfois inattendu. Il se trouve que mon grand-père a participé de près ou de loin à quelques événements que l’on peut qualifier d’historiques. Je citerais à titre d’exemple : le bombardement de Tahiti ou encore la révolte des Cipayes à Singapour. Grâce aux journaux de bord de la Marine française, dont certains sont intégralement numérisés et disponibles en ligne, je peux affirmer avec certitude qu’il a vécu tous ces événements.
La biographie romancée que j’avais l’intention d’écrire est donc devenue petit à petit un ouvrage s’appuyant sur des faits historiques avérés. Au fil de l’avancement de mon récit, j’ai aussi fait des découvertes. Je m’étais toujours demandé pourquoi mon grand-père avait été envoyé aux États-Unis, à New York à l’automne 1917. Je vous laisse imaginer l’émotion qui s’est emparée de moi lorsque j’ai fini par le découvrir…
Bien sûr, mon récit laisse aussi place à l’imagination, je n’ai pas pu combler tous les vides.
Il reste que mon parti pris, tout au long de la rédaction de cet ouvrage, a été de ne pas trahir mon aïeul, un homme simple, maçon et paludier, qui n’avait qu’une hâte : que la guerre se termine et qu’il puisse rentrer chez lui, auprès des siens, après six ans d’absence.
Vous souhaitez découvrir cet ouvrage ? Il est disponible en format livre de poche (avec un cahier d'illustrations reprenant quelques-unes des cartes postales de mon grand-père) et en pdf en cliquant ici : https://www.thebookedition.com/fr/le-tour-du-monde-malgre-lui-p-399766.html?referer=https://www.linkedin.com/&token=%c650323ea17547
21/06/2023
Qui sont les clients du biographe ?
Lorsque j’ai démarré mon activité de biographe, je me suis pliée à l’exercice que doit réaliser tout entrepreneur qui se respecte : définir son client cible. En marketing, cela s’appelle le persona. L’exercice est poussé : le persona doit ressembler en tout point à une vraie personne. Aussi faut-il lui donner un prénom, imaginer son histoire, ses goûts, ses activités, ses freins, ses préférences lorsqu’il se renseigne ou cherche à acquérir un bien ou un service… Il me fallait tout connaître de lui.
Premier Persona
Il y a dix-huit mois, j’avais imaginé une dame âgée d’environ quatre-vingts-ans, qui avait été active toute sa vie, aimant lire, raconter son histoire, voyager, rencontrer des amis… Mon persona s’appelait Louise.
Second Persona
Un an et demi plus tard, boum patatras, je déclare que je m’étais complètement fourvoyée. À vrai dire, cela fait déjà quelque temps que je l’ai compris. C’est pourquoi j’ai créé un second persona, Nathalie. Le constat est le suivant : celui qui va trouver un biographe est, dans la majorité des cas, un enfant souhaitant que l’un de ses parents raconte son histoire. Pour être même plus précis, c’est le plus souvent la fille du narrateur qui entreprend cette démarche. Mon persona, s’il est bien de sexe féminin, a donc rajeuni de vingt à trente ans.
Je m’interroge alors : pourquoi les femmes seraient-elles plus demandeuses que les hommes de connaître l’histoire de leurs parents ? Sans doute est-ce simplement parce que dans les faits, les filles sont plus nombreuses que les fils à s’occuper d’un père ou d’une mère âgée. Pour autant, les motivations des unes et des autres me paraissent semblables. Je vais tenter ici de les exposer, grâce à l’expérience acquise dans ma pratique de biographe. Bien sûr, chaque cas est unique, mais des points de convergence existent.
Quelles sont les motivations pour proposer à son parent d'écrire son récit de vie ?
Lorsqu’un parent prend de l’âge, les enfants — souvent ceux qui sont les plus proches géographiquement — sont en règle générale en première ligne pour l’aider dans son quotidien, ses démarches, sa santé, son maintien à domicile. Ils s’inscrivent ainsi dans une sorte de jeu de miroir : « Maman/Papa, tu t’es occupé(e) de moi lorsque j’étais enfant, maintenant, c’est à mon tour de prendre soin de toi. » Le point de bascule est souvent la perte du conjoint, qui vient renforcer l’isolement du parent survivant — les enfants assurent alors une présence plus régulière. Ils sont à l’écoute et de fait, deviennent les réceptacles de souvenirs maintes et maintes fois répétés. De là à souhaiter que ceux-ci ne se perdent pas, il n’y a qu’un pas !
L’idée de conserver ce patrimoine familial afin de le transmettre commence alors à germer, afin de ne pas être le seul dépositaire et gardien de ces trésors. De surcroît, voir vieillir son ascendant s’accompagne également de la crainte de perdre, en même temps que lui, une partie de son histoire. Or, il n’est pas rare que les souvenirs racontés s’inscrivent dans la grande Histoire : la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie, les évolutions de la société à la suite de mai 68… Le XXe siècle est émaillé de périodes charnières qu’il est important de raconter aux générations à venir.
Autre objectif poursuivi en s’engageant dans un projet de récit de vie : faire plaisir à son parent, le distraire et lui permettre d’occuper une partie de son temps libre — souvent important dans un agenda moins rempli en sorties et activités diverses. Je constate toujours que c’est avec un immense plaisir que les seniors se replongent dans leurs souvenirs : ils me l’affirment à chaque fois. Ces voyages vers le passé les transportent dans leur jeunesse, parfois avec nostalgie, toujours avec émotion. Bref, le travail qui se fait autour de la biographie leur fait du bien !
Les vertus de la biogrpahie
Proposer ce projet de biographie à son parent âgé a plusieurs vertus. Cela permet de faire le lien entre les générations : dans son récit de vie, le narrateur s’adresse souvent à ses petits-enfants voire à ses arrière-petits-enfants. C’est également l’occasion rêvée pour lui de parler de ses racines et d’inscrire son histoire dans une lignée. Enfin cela lui permet de passer le témoin à sa descendance, pour raconter la suite.
C’est là que le métier de biographe trouve tout son sens : être un « passeur d’histoires ».
14/05/2023
À quand remonte cette passion ? Elle a commencé par la lecture. J’avais huit ans lorsque j’ai reçu en cadeau un livre : Où est-ce ? Un voyage autour du monde. Ce livre est toujours dans ma bibliothèque, il porte les stigmates du nombre de fois où il a été consulté : la tranche est partie en lambeaux. Mais la couverture est presque intacte, avec son fond orange, typique des années 70. Cent quatre-vingts pages illustrées de dessins de lieux, trois sites remarquables par page. Grâce à ce livre, j’ai voyagé sur tous les continents des pyramides de Gizeh à la grande muraille de Chine.
Plus tard, le rêve a pris forme, engloutissant au passage mes quelques économies d’étudiante, puis une partie conséquente de mon budget de jeune femme active. Je ne partais jamais sans un petit carnet qui me permettait de noter toutes les péripéties du voyage, les rencontres, les émerveillements, les couleurs, les bruits et les odeurs, les drôles de bestioles (parfois côtoyées contre mon gré)… Pendant le voyage, je partageais ces émotions en adressant des cartes postales à mes proches… Au retour, le voyage m’habitait encore lorsque je confectionnais mes albums photos.
J’y vois désormais un signe avant-coureur de ce qui est devenu mon métier : biographe. En effet, retracer dans un livre un récit de voyage prend tout son sens dans mon activité de passeur de mémoire. L’idée naît d’abord d’une envie de fixer des images et des souvenirs, pour la postérité. Ensuite s’ajoute le besoin de raconter des situations vécues — parfois cocasses — et de revivre des moments d’exception. Puis vient le temps de relater les moments de partage et les échanges, rendus possibles par les rencontres faites sur les chemins du monde.
Le voyage, même s’il n’est pas lointain, est toujours une découverte. C’est se confronter à un environnement différent, à une culture et un patrimoine qui nous sont étrangers, à une gastronomie dont parfois, les épices et les saveurs nous intriguent ; c’est aller à la rencontre des traditions populaires perpétuées depuis des générations. Le voyage fait appel à tous nos sens et, par-dessus tout, il vient assouvir notre curiosité.
Comment ne pas être émus par le spectacle des crémations à Bénarès, éblouis par un coucher de soleil sur le rocher d’Uluru, sidérés en accédant au site du Machu Picchu ? S’avancer vers le Grand Canyon et le découvrir soudain à nos pieds, immense, profond et majestueux ; ou encore, se perdre dans la mégalopole tokyoïte et découvrir au détour d’une rue, un parc aux sentiers moussus ou un temple couvert d’or. Autant d’émotions vécues que le récit de voyage permet de partager.
Lorsque j’accompagne des narrateurs voyageurs dans leur récit, je m’envole avec eux, je vis leur voyage, je suis curieuse de leurs rencontres, de leurs ressentis, des personnages qu’ils ont croisés, bref, des anecdotes qu’ils me confient. Ils ont souvent les yeux qui brillent à l’évocation de leurs souvenirs, signe qu’il s’agit là de moments qui les ont marqués. Souvent des photos accompagnent ces souvenirs et c’est encore mieux : elles ravivent la mémoire et font remonter à la surface, des anecdotes qui régaleront le lecteur.
Oui, le récit de voyage est un formidable récit de vie, de ceux que l’on n’oublie jamais, de ceux qui font rêver, et donnent envie de repartir !
16/04/2023