Le blog dédié À LA BIOGRAPHIE

Françoise LunardiEcrivain public - biographie - contenus rédactionnelsMembre agréé de l'Académie des écrivains publics de France

© Copyright 2023 - J'ai 2 mots à vous dire...

L’accompagnement à l’écriture, un enrichissement mutuel !

18/10/2023

L’accompagnement à l’écriture, un enrichissement mutuel !

Depuis un peu plus d’un an, je pratique l’accompagnement à l’écriture pour aider mes clients dans la réalisation de leur projet autobiographique. Une stratégie gagnant - gagnant pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans la rédaction de leur récit de vie.  

La difficulté de se raconter dans une autobiographie


Nombreux sont celles et ceux qui souhaitent s’engager dans un projet de récit de vie, certains s’y attellent seuls. Au départ, ils sont souvent débordants de courage et de motivation, fouillant dans leur mémoire et leurs photos, pour jeter sur le papier, pêle-mêle, anecdotes et souvenirs. L’exercice est amusant, stimulant, les mots jaillissent… Et souvent, le résultat peut paraître décevant. Manque de structure, vocabulaire trop pauvre, récit linéaire, et j’en passe. Parfois aussi, tous les ingrédients sont réunis, mais la motivation ne suit pas. S’enfermer de longues heures pour écrire ne s’improvise pas. L’essoufflement arrive sans crier gare alors que le projet est loin d’être terminé.


Se faire aider dans son projet d'autobiographie

Devant ce constat, on peut être tenté de baisser les bras et d’abandonner purement et simplement l’entreprise ! Certains le font et passent la main au biographe ; d’autres poussent ma porte pour trouver les ressorts qui vont leur permettre de continuer. Et ils ont bien raison !
Que puis-je leur apporter qu’ils n’ont pas su trouver ? De l’écoute, un regard extérieur, neutre et bienveillant ? Bien sûr, mais pas seulement ! Se faire accompagner par un écrivain public, c’est aussi accepter d’être challengé dans toutes les phases du projet. 


 Accompagnement à l'écriture : en quoi consiste l'aide apportée 


La question se pose dès la première minute où je pose le regard sur un texte : à qui l’auteur le destine-t-il, qui est son public, quels sont les objectifs poursuivis ? J’ai besoin de savoir pourquoi et à qui il souhaite raconter sa vie, avant de poursuivre l’aventure à ses côtés. Des réponses à ces questions simples (ou pas) découle tout le reste.

Ensuite vient la question du style : entend-on en lisant son texte, la voix du narrateur, ce qui fait sa spécificité, sa singularité ? Le choix du vocabulaire est important certes, mais ce sont les expressions — qu’elles soient familières, régionales, voire parfois imagées — qui feront toute la saveur du récit. Glisser çà et là quelques mots familiers, du patois ou des tournures désuètes suscitera l’intérêt du lecteur. Celui-ci doit retrouver dans le texte « la parlure » du conteur. C’est pourquoi je m’efforce toujours de convaincre le narrateur de se laisser aller à utiliser certains termes, tout simplement parce qu’ils lui ressemblent ! 

Un récit qui captive est aussi celui qui sait retenir l’attention du lecteur : c’est tout l’art du storytelling. Description des personnages, note d’humour, anecdotes croustillantes, suspense sont autant de pépites à distiller au cœur du récit. Cette approche narrative fait toute la différence pour solliciter l’imaginaire et les émotions tout au long de la lecture. Mon rôle est alors de stimuler la mémoire de l’auteur pour faire renaître ces fragments de vie, et de capter tout ce qui permettra de les mettre en valeur par le choix des mots qui accompagneront le récit.

Plus épineux est le sujet de la structure du récit. Suivre un fil rouge, chronologique ou pas, s’autoriser des analepses (plus communément appelés flashbacks) ou des prolepses (l’inverse, donc l’anticipation d’un fait qui ne s’est pas encore produit) pour casser la monotonie, c’est une bonne base de travail. Il existe bien des manières d’organiser la narration. Encore faut-il s’y retrouver dans l’écheveau des souvenirs. Je propose souvent à mes clients une frise chronologique pour classer les faits majeurs, les dates qui ont compté dans leur vie. Cela permet de replacer chaque souvenir annexe à la bonne époque. Certains auront besoin de passer par un plan détaillé pour guider leurs pas. J’adhère tout à fait à cette méthode, qui met de la rigueur dans la démarche, permet de ne rien oublier et d’avoir une première idée du chapitrage. Mais cette structure ne doit pas être un carcan qui empêche toute fantaisie : bousculer les lignes permet souvent d’obtenir un résultat plus attractif.

Accompagner, c’est aussi encourager, motiver, convenir ensemble d’objectifs réalistes, donner de la méthode. Installer une routine d’écriture peut s’avérer indispensable pour certains, mais contre intuitif pour d’autres. La souplesse et la capacité d’adaptation sont indispensables pour apporter un soutien de qualité au narrateur. Il faut faire avec les emplois du temps chargés, les baisses de forme… le principal est de garder en vue l’objectif. Être là au bon moment pour ranimer la flamme et permettre au narrateur de continuer à écrire pour que son projet voie le jour, c’est important.

Au fil de l’avancée du récit autobiographique, je me fais aussi relectrice et correctrice. Les niveaux de maîtrise de l’orthographe de mes clients sont très disparates, aussi, sans promettre le zéro faute, je m’efforce toujours de le viser. Il est à l’évidence plus agréable de lire un texte grammaticalement correct ! Je termine toujours mon accompagnement par des conseils pour une mise en forme attractive du texte qui permettra ensuite de le faire imprimer.  
 

La posture d'accompagnant

Tout ceci peut paraître bien idyllique, il y a bien sûr des écueils dans lesquels il ne faut pas tomber lorsque l’on intervient auprès de nos clients. Être trop directif, par exemple, ce qui peut bloquer la créativité. Mais le plus important d’entre eux serait de ne pas laisser la place au style du narrateur. C’est parfois difficile parce que nous avons tous notre style d’écriture et qu’il s’agit là d’un exercice qui oblige à s’en affranchir pour accueillir celui de l’autre. Il faut donc sans cesse adapter notre posture, la questionner pour rester dans l'appui et le soutien du projet du narrateur. Car c’est ce qui fait toute la richesse de l’accompagnement à l’écriture : s’effacer pour laisser la porte grande ouverte aux mots des autres pour mieux se laisser surprendre.